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Guantanamo sur Seine

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2 avril 2005

Premier courrier, Préfet de Police, septembre 2004

Monsieur le Préfet, Depuis quelques années, tout s’était apaisé et je circulais librement et paisiblement en vélo dans les cours du Louvre. Or, aujourd’hui vers 15h, je suis interpellé par le milicien de service à la trouée dans les barrières métalliques, lequel m’enjoint de descendre de mon vélo. Je lui demande s’il rêve et c’est alors que l’agent 465044, service 031, jeune policier en roller, adossé à la barrière voisine intervient et m’enjoint de respecter le milicien et de descendre de mon vélo. Je lui indique que je n’ai insulté personne et qu’il n’existe pas d’interdiction légale concernant la circulation des vélos dans les cours du Louvre. Il sort alors un petit livret, format poche, sans doute obligeamment fourni par le Louvre à ses auxiliaires de police particulièrement dévoués. Je lui rappelle, alors, qu’à Paris, depuis Bonaparte, seul le Préfet de police, vous-même dans le temps présent, dispose des pouvoirs de police en matière de circulation. Cela ne semble guère l’intéresser et correspond, vraisemblablement, à un trou béant de sa trop courte formation. Il ne semble croire qu’à sa bible de poche, à l’encre encore fraîche et sortie depuis peu des presses du Louvre bien que je ne cesse de lui dire que ces interdits n’ont aucune force. Il me demande mes papiers, je n’en ai pas, me demande de décliner mon identité, je m’exécute et il rédige alors l’avis de contravention joint. Je lui demande à quel commissariat il est rattaché et il m’indique qu’il est rattaché à Saint Eustache. On se demande bien ce qu’il fait ici à traquer le cycliste paisible aussi loin de ses terres au lieu de poursuivre les pickpockets qui prolifèrent dans le quartier des Halles. Ensuite, son collègue dont j’ignore le matricule m’interdit le passage qui me permettrait de rentrer dans la cour Napoléon et me menace de refus d’obtempérer, scrogneugneu… Je suis interdit de séjour et de passage, sans aucun motif légal, par les forces que vous dirigez, cour Napoléon au centre de Paris, et ceci au XXIème siècle alors que la capitale libérée depuis longtemps de l’occupation nazie vit une année de frénésie commémorative. Monsieur le Préfet, j’envisage de déposer une plainte pour abus d’autorité. Je vous invite à rappeler aux policiers que vous dirigez qu’ils ont aussi pour noble mission de protéger les libertés et que s’ériger en protecteur des milices ne peut que remuer des souvenirs très nauséabonds. Je vous invite également à leurs rappeler, qu’en matière de police, la liberté est la règle et l’interdiction l’exception, exception qui doit être justifiée et, dans le cas précis, on sent mal la justification en dehors des phantasmes autoritaires de la direction du Louvre. J’entends que vous donniez une suite au présent courrier et je vous serais obligé de bien vouloir m’en informer. Dans cette attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma haute considération.
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